Le monde tremble, cette année là... Pourtant, de l'autre côté du rideau de fer, semble souffler un vent de détente : au XXe congrès du parti communiste d'URSS Nikita Khrouchtchev prononce même une surprenante critique du régime stalinien, qui suscite un immense espoir de libéralisation dans les démocraties populaires. Le retour à la réalité est brutal. Fin juin, en Pologne, Poznan est le théâtre de manifestations ouvrières, que l'armée réprime férocement, avec l'appui des forces soviétiques.
A partir d'octobre, c'est au tour de la Hongrie de réclamer la suppression de la censure, le départ des troupes russes, la tenue d'élections libres. Au matin du 6 novembre, l'information tombe : les chars soviétiques sont entrés dans Budapest. L'heure est à la "normalisation" et nombre d'intellectuels français opèrent des révisions déchirantes…
Pendant ce temps, la tension monte au Proche-Orient. En juillet, le colonel Nasser, nouveau maître de l'Egypte, nationalise le canal de Suez. La France et la Grande-Bretagne attaquent l'Egypte avec l'appui d'Israel. Succès militaire, l'opération est un fiasco diplomatique: Nasser triomphe, il renforce son pouvoir et garde le canal.
En France les ménagères font des stocks de sucre et d'huile, et le gouvernement rationne l'essence.
Un gouvernement qui doit faire face à une aggravation de la situation en Algérie. Le nombre des soldats sur place passe de 250 000 à 400 000. Dorénavant, trois ans après avoir achevé leur service, les appelés restent à la disposition des autorités militaires.
Année de tous les dangers, décidément. Pourtant, les jeux Olympiques de Melbourne voient la formidable victoire du Français Alain Mimoun dans l'épreuve de marathon.
Et, des semaines durant, un évènement fait la une des magazines : Grace Kelly renonce au cinéma pour épouser le prince Rainier de Monaco. Un peu de rêve sous le fracas des armes…